suite DEIR EL MEDINEH

Suite DEIR EL MEDINEH

La chapelle Nord, consacrée à Amon-Rê-Osiris, suit également le programme décoratif de la chapelle centrale. Dans un renfoncement du mur extérieur Nord du temple, se trouve une scène décorée, vestige d’un temple adossé construit sous Auguste, où le roi fait offrande à Maât, Hathor, Raït Taouy et Tanenet.

Dans le mur sud se trouve également un renfoncement identique, vestige cette fois d’un mammisi datant de Ptolémée IX Sôter II et Cléopatre III. On y voit le roi et la reine faisant offrande à Hathor tenant sur ses genoux Horus l’enfant, mais également à Ptah, Maât et Amon.

Bien que fort modeste, le temple est pourvu d'un mammisi, actuellement visible sous la forme d'un renfoncement dans un des murs extérieur du temple, lui même entouré par une enceinte en briques crues typique.

Outre le temple de Deir el-Médineh, le site est parsemé de fondations d'autres temples plus anciens, notamment le petit temple d'Amenhotep Ier et la chapelle d'Hathor construite par Séthi Ier alors que d'autres éléments remontent à Ramsès II.

LA NECROPOLE

Les tombes des artisans de Deir el-Médina étaient creusées à flanc de montagne, à quelques dizaines de mètres de la zone habitée, et leur préparation occupait le principal des loisirs des habitants du village. La structure des tombes de cette nécropole est caractéristique : elle comprenait une ou deux cours au fond desquelles se trouvait une chapelle, que complétaient parfois plusieurs chambres creusées dans la pierre, et qui était ornée d’une entrée en briques crues, surmontée d’une petite pyramide. À l’intérieur de la paroi du fond, toujours orientée à l’est, une niche accueillait une statue du défunt ainsi qu’une stèle portant un hymne au soleil. La chapelle externe était vouée au culte du défunt, enterré avec un riche matériel funéraire dans les chambres sépulcrales creusées profondément dans la montagne. Pour accéder à ces dernières il fallait descendre un escalier raide partant de la cour extérieure ou, s’il s’agissait de chapelles rupestres, passer par une des pièces situées au fond du caveau. Les chambres funéraires possédaient un plafond voûté et, à la différence de celles des tombes civiles de la XVIIIe et de la XIXe dynastie, qui ne sont presque jamais décorées, elles étaient ornées de peintures figurant le défunt et sa famille occupés à leurs activités quotidiennes dans l’au-delà. Elles pouvaient également traiter de thèmes religieux et rituels tels que l’embaumement ou le rite de l’ ouverture de la bouche.

La tombe de Sennedjem (TT n°1)

(Serviteur de la Place de Vérité XIXe dynastie)

La tombe de Sénedjem fut découverte en 1885,

Sennedjem, " serviteur dans la Place de Vérité " , vécut sous Séthi Ier et Ramsès II (XIXe dynastie). Son caveau fut retrouvé intact en 1886 avec un matériel funéraire très riche, aujourd’hui au musée du Caire, comparable à celui que Schiaparelli retrouva dans la tombe de l’architecte Khâ. En imaginant que les voleurs qui fouillaient les tombes fraîchement scellées provenaient de ce village, il semble qu’un enterrement dans une de ces familles ne faisait pas l’objet de la convoitise dont souffraient les tombes des hauts dignitaires et des personnes de bien.

Si la tombe a été arrangée avec simplicité, elle n’en demeure pas moins raffinée. Il est évident que des artistes de qualité ont participé à sa préparation. Les peintures célèbres qui ornent les parois de son caveau, au fond ocre, sont en parfait état de conservation et comptent parmi les plus belles de la nécropole. Elles sont assurément les plus connues : leur style est typique de l’époque ramesside, spontané et naïf, avec des détails vivants et pittoresques, mais leur programme décoratif, entièrement lié au monde funéraire, reste très conventionnel.

Un escalier abrupt et étroit d’abord en ligne droite, tourne à gauche pour déboucher dans une chambre funéraire rectangulaire, dont I’axe principal est orienté est-ouest et au plafond voûté. On y accède par une petite ouverture qui était à l’origine fermée par une porte en bois richement ornée et aujourd’hui exposée au musée du Caire.

On peut y voir des scènes du livre des morts: L’ âme ba de Sennudjem navigue dans un bateau piloté par Thoth, alors que les Portes de l’Ouest sont en train de s’ouvrir. Ces peintures tombales sont typiques de la fin de la période Ramsès.

Dans la portion contiguë de la paroi sud sont représentés, sur deux registres, les proches du défunt et les enfants qui accomplissent des libations en l’honneur de leur père, suivis par l’image de la momie de Sennedjem protégée par Isis et Nephthys qui ont revêtu des formes d’oiseaux faucons. Sous l’arbre iched, un chat s’oppose à un serpent dans un combat à mort, symbolisant la victoire sur les forces du mal. On voit également d’autres démons.

Sur la paroi ouest, Sennedjem et Iyneferti adorent divers dieux associés au culte funéraire. Deux images d’Anubis décorent le tympan.

Sur la grande paroi nord sont disposées trois scènes évoquant l’entrée du défunt dans le royaume d’Osiris : sur la première, c’est Anubis lui-même, silhouette humaine et tête de chacal, qui conduit Sennedjem dans le monde de l’au-delà ; sur la deuxième, le défunt est en adoration devant Osiris et, sur la troisième, Anubis prépare la momie de Sennedjem allongé sur le lit mortuaire tandis que les textes d’accompagnement citent des passages du Livre des Morts. Le roi des morts est représenté comme à la coutume, avec de chaque côté les deux yeux de Horus qui sont considérés comme la meilleure des offrandes.

Sur la paroi est (à droite en entrant) on trouve la scène très célèbre, disposée sur quatre registres, commentant le chapitre 110 du Livre des Morts, dans IequeI Sennedjem, avec son épouse Iyneferti, se dispose à effectuer des travaux agricoles dans les champs d’Ialou, le monde magique de l’au-delà baigné par les eaux d’un fleuve céleste - transposition du Nil terrestre -, à l’ombre de nombreux arbres fruitiers, de sycomores et de palmiers chargés de dattes. Contrairement à Nakht Sennedjem ne dédaigne pas les travaux des champs et son épouse, derrière lui, jette des graines. Mais leur habillement ne semble pas coïncider avec le lieu où ils se trouvent. L’interprétation du paradis nous procure des informations très intéressantes sur l’agriculture qui existait pendant la 19ème dynastie: sur le registre supérieur on fait la récolte de l’orge, en séparant la tête de la tige et au-dessous, on arrache le lin par les racines.

On voit aussi un marais où poussent les papyrus. Avec cette plante que l’on tissait, on obtenait le papier bien connu qui était un moyen essentiel de la communication de l’époque et qui, pendant une grande partie de l’antiquité, fut un monopole de l’Egypte. A partir du papyrus on faisait également des cordes, des tapis, des sandales, et même des bateaux.

Toutes ces scènes sont assez gaies mais ne suffisent pas à alléger le sentiment de claustrophobie qui existe dans cette tombe. C’est le plafond voûté qui donne a l’ensemble un air de cercueil.

Au registre supérieur, Sennedjem et Iyneferti adorent Rê, Osiris et Ptah. Ils sont suivis par un jeune garçon sur une barque de papyrus, probablement un fils de Sennedjem mort en bas âge, et par un prêtre exécutant la cérémonie de l’ouverture de la bouche.

Enfin, sur le tympan qui domine la scène, apparaissent deux babouins adorant la barque de Rê. Sur la paroi sud contiguë, dans la zone comprise entre la porte d’entrée et la paroi est, le défunt et son épouse adorent les gardiens des portes du royaume d’Osiris.

Le plafond est également peint : une bande blanche inscrite divise la voûte dans le sens de la longueur alors que trois bandes transversales la partagent dans le sens de la largeur, répartissant ainsi la voûte en deux groupes de quatre carrés.

Dans le premier groupe, le défunt adore diverses divinités, parmi lesquelles Thot, Rê-Horakhty et Atoum, et certains génies funéraires. Dans le second figure la déesse du sycomore tendant nourriture et boissons au défunt et à son épouse, qui, dans la scène suivante, adorent quatre divinités stellaires ; viennent ensuite les représentations de l’oiseau-benou, personnification de l’âme de Rê, avec Rê-Horakhty et les membres de l’Ennéade héliopolitaine et Sennedjem ouvrant les portes de l’Occident, règne d’Osiris.

 

                                                                                                                          Robert MINGAM

 

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