GENERALITES
La mission scientifique ScanPyramids, chargée de l’étude muographique. du monument a découvert deux cavités inconnues dans la pyramide de Khéops. La première serait une sorte de couloir, situé au-dessus de l’entrée de la pyramide sur la face Nord. La seconde serait une cavité se trouvant au-dessus de la Grande Galerie et proche de la Chambre du Roi.
Pour mettre au jour l’existence de ces nouvelles cavités, qui n’ont bien évidemment pas encore pu être explorées, les scientifiques de ScanPyramids ont conjugué plusieurs technologies très pointues. C’est tout d’abord à la caméra thermique qu’une anomalie a été détectée au-dessus du l’entrée Nord et de son couloir descendant qui, par un circuit de corridors, mène à la fameuse chambre du Roi.
En parcourant la face Nord de la pyramide avec leurs caméras thermiques, les scientifiques n’ont pas obtenu les résultats auxquels ils s’attendaient au niveau des quatre énormes chevrons.
ScanPyramids aurait eu recourt à la muographie. Les muons sont des particules cosmiques qui tombent en permanence sur Terre. Capables de franchir des roches de grande épaisseur, ils permettent, à la manière de rayons X naturels, de radiographier les monuments en profondeur.
En juin dernier, les scientifiques ont déployé des films plastiques enduits d’une émulsion chimique sensible à ces particules dans le couloir descendant. Avec comme objectif d'essayer de détecter une cavité au-dessus d’eux. L'efficacité de cette technologie avait déjà été démontrée lorsque des scientifiques sont parvenus à radiographier la pyramide rhomboïdale de Dahchour, autre site de l'Égypte antique.
Après 67 jours de pose, les films exposés dans la pyramide de Kheops ont été développés, puis analysés. Les trois plaques montrent un excès de muons dans la même direction. « Après comparaison avec les images obtenues par le simulateur, le résultat est sans appel : dans la zone des chevrons apparaît un vide important, on distingue même une forme de couloir, ou de plusieurs qui se superposent ».
D’autre part, les particules cosmiques ont aussi mis en évidence la présence d’une pièce d’environ 30 mètres de longueur se trouvant en plein cœur de la pyramide, au-dessus de la grande galerie. Les scientifiques ont découvert cette cavité mystérieuse en étudiant le comportement de particules subatomiques, des muons, qui pénètrent profondément dans le roc, un peu à la manière des rayons X. Cette chambre ne semble être reliée à aucune autre structure interne.
L'ancien ministre égyptien des Antiquités, Zahi Hawass, qui minimise depuis longtemps l'utilité de technologies aussi sophistiquées que celle employée pour explorer les pyramides rappelle qu'aucun égyptologue n'était membre de l'équipe internationale et atteste que la présence de ces espaces vides serait connue depuis longtemps estimant qu'on ne peut pas parler d'une découverte. On peut s’étonner que ce personnage très médiatique n’ait pas cru bon d’en révéler l’existence alors qu’à la moindre découverte, aussi futile soit-elle, il convoque les médias pour s’en approprier. Son obstination en est devenue suspecte. Nous avons en mémoire la découverte fortuite en 1993, dans un conduit d’aération de la Chambre de la Reine, de pièces de métal tel du bronze et du fer repoussant notamment l’âge du bronze à l’époque de la construction de la Grande Pyramide, par En 1993, allemand Rudolf Gantenbrink, et son interdiction à revenir en Egypte pour poursuivre ses recherches avec un nouveau Robot.
En fait, lorsqu’en mars 1885, les deux architectes français, passionnés d'égyptologie Gilles Dormion et Jean-Yves Verd'hurt lui ont apporté des éléments attestant de l’existence de couloirs et de salles cachées dans la pyramide de Kheops, Zahi Hawass s’est senti blessé dans son orgueil, et leur a opposé une fin de non-recevoir, prétextant que leurs observations n’étaient pas fondées pour engager de quelconques recherches, malgré les preuves irréfutables que tout un chacun pouvait observer en pénétrant dans la Grande Galerie, invoquant que ceux-ci n’étaient pas égyptologues et ne connaissaient rien à son pays.
L’ENTREE NORD DE LA PYRAMIDE
Zone des chevrons, montrant l’entrée du couloir descendant aujourd’hui condamnée.
Elle se trouve à 2,50 mètres sus les chevrons. Photographie datant de 1860-1870.
La zone intrigue depuis longtemps les archéologues. Quelle peut être la fonction de ces énormes chevrons, seule structure interne de Kheops à être visible en raison de l'excavation de la zone ?
Explication traditionnelle : il s'agit d'un dispositif lié à l'entrée de la pyramide. Sous les 4 blocs débute en effet le couloir descendant de la pyramide. Celui–ci rejoint le circuit connu qui, après le couloir ascendant et la grande galerie, conduit à la chambre du Roi située à 43 mètres de hauteur (voir ci-dessous le plan de la pyramide). Son accès est aujourd'hui condamné : les visiteurs pénètrent dans le monument par ce qu'on appelle " l'entrée des voleurs ", une sape que l'on attribue, sans certitude, au calife Al–Mamoun qui l'aurait percée vers 820 pour violer le monument.
L'entrée de la pyramide présente aujourd’hui l’aspect d’une immense brèche couverte de chevrons énormes, située sur la face Nord, le sol à hauteur de la quinzième assise, culminant à hauteur de la trente-deuxième et désaxée de sept mètres vers l’Est.
Le géographe grec Strabon, qui visita l’Égypte du temps d'Auguste, mentionne l'existence d’une pierre amovible dans le parement extérieur. Cette « pierre qui peut s'enlever (λίθον ἐξαιρέσιμον), et, qui une fois enlevée, laisse voir l'entrée d'une galerie tortueuse ou syringe, aboutissant au tombeau », depuis longtemps disparue.
Les chevrons
Les chevrons de l’entrée, doublés en hauteur, sont les premiers connus dans l’histoire de l’architecture. Ce sont des monolithes de calcaire qui, selon toute apparence, ne jouent ici qu’un rôle de décharge, comme ceux de la chambre du roi, et non vraiment de couverture, comme ceux de la chambre de la reine. Ils sont constitués d’éléments monolithes pesant chacun une dizaine de tonnes. Le dispositif semble largement surdimensionné. La découverte d'un nouveau circuit par ScanPyramids pourrait permettre d'éclairer sa véritable fonction. En 1987, l'architecte français Gilles Dormion a supposé la présence d'un couloir méconnu sous les chevrons qui, selon lui, aurait pu servir de zone de manœuvre.
Schémas proposés et édités par Gilles Dormion et Jean-Yves Verd'hurt
Les chevrons servent habituellement à protéger des pièces de grande taille des forces de pression verticales. Ils apparaissent pour la première fois dans l'architecture d'une pyramide avec Kheops. Et pas n'importe où : au–dessus de la Chambre dite du roi et de celle dite de la reine. Or, ici, ils ne sont censés protéger qu'un couloir d'une section de 1,05 mètre de largeur sur 1,20 de hauteur. Lequel se trouve à 2,50 mètres plus bas que le dernier appui des chevrons ! Plus étonnant : en observant la zone, on aperçoit des appuis obliques et des morceaux de blocs. Sans doute les restes de chevrons supplémentaires, démantelés comme de nombreuses pierres de la pyramide après le Moyen Age pour construire palais et mosquées du Caire.
Le principe de la couverture en chevrons, ayant sans doute donné satisfaction dès cette première expérience, sera repris aussitôt (si l’on admet que la construction de la pyramide s'est effectuée par couches horizontales) dans la chambre de la reine, située juste au même niveau, puis un peu plus tard dans la chambre du roi, puis dans nombre de pyramides à venir.
Sur le bord supérieur ouest se trouve une inscription hiéroglyphique presque disparue, datant du XIXe siècle et exécutée par l'égyptologue allemand Karl Richard Lepsius en hommage au roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, dénommé pour l'occasion « Roi de Haute et Basse-Égypte, fils de Rê, doué de vie éternellement ».
Ensuite, et jusqu'à nos jours, on n’aura plus guère recours à cette technique de couverture titanesque.
Les linteaux
Trois dalles successives dressées presque à la verticale forment une série de linteaux surplombant l’entrée. Ils ne mesurent pas moins de 3,70 m de large, 2,70 m de haut et 0,90 m d’épaisseur, ce qui en fait des monolithes de vingt à vingt-cinq tonnes, hissés au niveau de la 15e assise. Tels qu’ils sont, ces linteaux paraissent très surdimensionnés pour ne protéger que l’étroit couloir descendant large de 1,05 m et haut de 1,20 m.
On peut s’étonner que les explorateurs de la pyramide s’en soient tenus là dans leurs investigations concernant l’entrée : mais c’est un fait, une fois la porte arrachée, et avec elle les premiers éléments des chevrons et les pierres de l’entrée, jamais personne n’a pu soulever ou percer ces énormes dalles verticales situées sous les chevrons, au-dessus du couloir.
Pour l’anecdote, leur face la plus visible fut « ornée » par des membres de l’expédition d’Égypte d’une pensée (orthographe d’époque) empruntée à l’abbé Jacques Delille :
« Leur masse indestructible / a fatigué le tems »
— Delille, Jardins, 1782.
En 1988, des chercheurs de l'université de Waseda ont, quant à eux, grâce à une campagne radar, émis l'hypothèse qu'un second corridor doublerait sur 30 mètres celui qui mène à la chambre de la reine. Peut–on l'imaginer connecté au circuit découvert par les muons ? Reste le travail de Jean–Pierre Houdin. Selon l'architecte français, il existerait deux antichambres inconnues reliées à la chambre du Roi. Un ensemble funéraire qui débuterait derrière les chevrons.
En 2016, un vide a été détecté par l'équipe du professeur Morishima, de l'université de Nagoya, derrière les chevrons monumentaux qui sont visibles sur la face nord de Kheops. De nouvelles mesures ont permis de préciser sa forme : il s'agit d'un couloir visible sur 5 mètres de profondeur, mais qui peut se poursuivre plus loin. Or, il est situé exactement dans le même axe que la ScanPyramids Big Void (SP-BV). Si les deux étaient reliés, ce couloir pourrait offrir un accès à cette mystérieuse cavité. Reste à y pénétrer. Il est tout proche de la face. Pourquoi ne pas imaginer y introduire un mini-robot équipé d'une caméra comme l'avait fait en 1993, l'ingénieur allemand Rudolf Gantenbrink afin d'explorer le conduit Nord de la chambre de la Reine ?
LA GRANDE GALERIE
Si tous les couloirs d’accès aux chambres de la Grande Pyramide sont bas et étroits, la Grande Galerie quant à elle peut être considérée comme une œuvre d’art extraordinaire. Conduisant à la Chambre du Roi, on peut s’interroger sur sa réelle fonction. Orientée Nord-Sud, sa longueur est de 46,05 m et sa largeur totale, y compris les deux banquettes latérales est de 2,092 m (4 coudées). Au sol, le couloir central enchâssé entre les deux banquettes latérales mesure 1.05 m de large, soit deux coudées royales. Chaque banquette placée de part et d'autre de la galerie sur une hauteur de 1.05 m du sol, a pour largeur une coudée royale, c'est-à-dire 0.5025 m. A partir de ces banquettes, les murs latéraux se rapprochent, à joints réguliers jusqu'au plafond, pour retrouver la largeur initiale du couloir.
Les murs latéraux, comportant sept encorbellements d’égal porte-à-faux, forment une voûte dont le plafond est de la largeur du plain-pied entre les deux banquettes. Les 40 dalles formant le plafond, nettement colorées en rouge sombre, sont imbriquées comme les tuiles d’un toit. Les rebords des encorbellements, de 7 centimètres environ, ont une teinte rouge-brun, couleur qui pourrait faire penser au granit, bien que les blocs soient en calcaire de Tourah. Tout au long et au-dessus du 3e encorbellement, on remarque un important martelage continu. Ces engravures de 37 centimètres de largeur présentent sur toute la longueur de la galerie des traces évidentes de manutention et de martelage. De plus, ces engravures ont un débord en corniche de 2.5 centimètres, ce qui ne peut être l'œuvre du hasard.
A la question, pourquoi ce changement brutal de hauteur, pourquoi ces engravures, corniches et martèlements, nous pouvons répondre sans hésiter, "pour permettre la mise en œuvre d'un plancher à égale distance entre le sol et le plafond".
Tout démontre qu'à l'époque de Khéops ce plancher aurait été utilisé pour transporter des charges très lourdes. En effet, nous pouvons encore constater l'existence d'encoches en forme de mortaises, régulièrement espacées, d'une longueur équivalente à la largeur d'une planche comparable aux bastaings que nous utilisons encore aujourd'hui.
Encoche en forme de mortaise
Si cette hypothèse se confirme, il est indéniable qu'un couloir existe de part et d'autre de cette Grande Galerie.
Côté Nord, le couloir présumé déboucherait sur l'entrée de la pyramide, derrière les trois plaques bouchons, sous les pierres en chevrons et juste derrière les plaques bouchons. A l'intérieur de la Grande galerie, il est remarquable de constater que les pierres du mur Nord, au niveau du plancher présumé, semblent avoir été posées de l'extérieur, laissant apparaître des traces de scellement. Les chercheurs sont formels, les joints qui habituellement sont si fins qu'on ne peut y glisser une lame dans les interstices, sont larges et libres à l'endroit située très exactement à l'opposé du couloir, au droit du passage supposé. Quand on connaît la méticulosité des égyptiens en matière de jointoiement, on ne peut que s'étonner de cette "anomalie".
En prolongeant le plancher vers le sud de la Grande galerie, nous nous trouvons devant le mur supérieur de la chambre des herses, dont le plafond est curieusement au même niveau que la sous face du plancher présumé. Pour le coup, nous pourrions conclure que la dalle couvrant la chambre des herses serait un palier de prolongement du plancher démontable de la Grande galerie. De plus, curieusement la chambre du Roi est la seule pièce qui ne soit pas dans l'axe de la pyramide mais repoussée de quelques mètres vers le Sud. L'axe Est-Ouest de la pyramide se trouve à l'aplomb de la chambre des herses, tandis que l'axe Nord-Sud se trouve dans l'axe même de la chambre du Roi. L'intersection des deux axes serait donc 3 m au Nord de la chambre du Roi, au-dessus et à l'Ouest de la chambre des herses. Cependant, à cet endroit, rien n'indique la plus petite anomalie pouvant confirmer un vide à ce niveau de la pyramide. Seul un sondage dans les joints pourrait attester cette hypothèse.
CHAMBRE DU ROI
Avec une prudence remarquable, la mission ScanPyramids ne se lance dans aucune hypothèse sur ce que pourrait être cet espace vide qu’elle a découvert au-dessus de la Grande Galerie de la Pyramide de Kheops; elle se contente de signaler son existence. « Notre but consiste à chercher des cavités avec le taux de certitude très élevé des physiciens des particules, mais ce n’est pas à nous d’interpréter ce dont il s’agit, explique Mehdi Tayoubi, codirecteur de la mission, président de l’Institut HIP et coauteur de l’article. Nous espérons qu’à partir de cette publication, le dialogue va s’engager avec les égyptologues pour essayer de comprendre ce qu’est ce grand vide dans la pyramide. »
A suivre
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